Avant de commencer cette page, je dois vous présenter deux personnes : Basile et Bérangère. Basile et Bérangère sont frère et sœur. Basile s’est spécialisé dans l’agriculture biologique depuis maintenant 10 ans alors que Bérangère hésite à se lancer.
Basile va donc expliquer à Bérangère comment fonctionne l’agriculture biologique. Nous allons en profiter pour comprendre les différences entre Agriculture Biologique (appelée AB) et Agriculture Conventionnelle (appelée AC) et surtout démêler les vérités et erreurs des médias.
Tout d’abord, Basile explique à Bérangère que l’Agriculture Biologique désigne plusieurs concepts liés entre eux :
- Un label européen (le label AB) avec un cahier des charges à respecter;
- Un mouvement né dans les années 1920, conscient que l’agriculture (en cours d’industrialisation à l’époque) peut être dangereuse pour les sols;
- Une technique de production respectueuse de l’environnement : on se rapproche alors de la notion d’agroécologie qui est traitée dans une autre fiche.

L’agriculture biologique existe donc sous plusieurs formes. Comme l’agriculture biologique est simplement encadrée par des normes et un cahier des charges, les exploitations qui respectent ces spécifications sont très différentes.
Certaines exploitations bio font de l’agriculture raisonnée, locale, diversifiée et de saison. D’autres exploitations sont très proches du fonctionnement de l’agriculture conventionnelle avec des champs de grande taille, des produits plus homogènes et une utilisation plus intensive de pesticides.
Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Que si Bérangère décide de se lancer dans l’agriculture biologique, elle peut tout autant décider de faire une agriculture à grande échelle pour produire des centaines de milliers de tonnes de nourriture que de faire une culture maraichère, locale et diversifiée.

Peut-on affirmer que celui qui produit des milliers de tonnes fait n’importe quoi, qu’il produit trop et de mauvaise qualité ou bien que le petit maraicher ne produit pas assez et ne fait pas de fraises en hiver ? Que nenni ! La réponse est dans l’équilibre, chaque ferme s’adapte à son sol et à sa production. Il faut les deux agricultures pour nourrir tout le monde.
À ce stade, Bérangère a retenu une chose : il y a plein d’agricultures bio différentes et ces agricultures doivent respecter un cahier des charges. Mais quel cahier des charges ?
- Pas d’OGM
- Pesticides et engrais naturels uniquement (sauf dérogation)
- Pas d’hormones de croissance et antibiotiques fortement réduits
- Élevage extensif (en extérieur) dès que possible
- Alternance des cultures et assolement
- Diversification des cultures
De plus, chaque agriculteur doit passer 2 ans à travailler sur son projet avant que la certification Bio ne lui soit accordée. C’est le temps de conversion d’une terre au bio. On remarquera aussi que le cahier des charges est peu contraignant. C’est normal, l’agriculture bio a été développée pour permettre aux agriculteurs d’y accéder facilement. Il faut donc que les contraintes soient réduites. Si vous êtes intéressés par les textes de loi concernant le cahier des charges de l’agriculture bio, vous trouverez tout ci-dessous :
Annexes I et II du règlement CE n°889/2008 (pesticides autorisés)
Loi CE N°834/2007 du Conseil du 28 juin 2007 (cadre juridique agriculture bio)
Une fois les textes de loi lus et compris, Basile explique à Bérangère comment préparer sa ferme. Déjà, il faut tester son sol. Généralement, le sol a été appauvri par les cultures précédentes et il faut y remédier. Le sol est alors sec, poussiéreux et il comporte peu de vie comme des vers de terre par exemple. Cette situation est très courante, la grande majorité des sols d’Europe sont appauvris et endommagés par l’agriculture conventionnelle (fiche Destruction des sols). Les agriculteurs bio ont besoin d’un sol de qualité pour avoir de bons rendements, au contraire des agriculteurs conventionnels qui utilisent des produits chimiques pour compenser un manque de fertilité (fiche Agriculture Conventionnelle).
Basile propose plusieurs mesures comme par exemple un « semis direct », c’est-à-dire semer sans retourner le sol et en laissant les restes de la culture précédente. Comme ça le sol est moins abîmé. Il explique aussi qu’il faut garder le sol couvert le plus longtemps possible. En effet, le soleil gêne le développement de toute vie à la surface et les pluies abîment les champs s’ils ne sont pas recouverts. Donc Basile laisse ses restes de cultures sur place après la récolte et il plante des cultures de couverture, uniquement présentes pour recouvrir le sol (merci Captain Obvious). Ces cultures de couverture auront aussi le bon goût de gêner les mauvaises herbes.
Une fois la question du sol traitée, Basile et Bérangère se penchent sur le problème des ravageurs. Ils sont très nombreux : bactéries, champignons, plantes, animaux petits ou grands. Comment Basile fait-il pour protéger ses cultures de ces « pestes » ? Bérangère sait déjà que les agriculteurs utilisent généralement des pesticides mais Basile n’a pas le droit. Rappelez-vous, les pesticides chimiques sont interdits en agriculture biologique !
Sa lutte contre les nuisibles se fait d’abord avec le choix des graines : une semence adaptée au climat et à la biosphère sera plus résistante. Par contre attention, comme Basile veut être Bio, il doit acheter des semences qui sont elles aussi certifiées Bio.
Ensuite, pour entretenir son sol et la vie dessus, Basile procède à une rotation des cultures ou assolement. Il peut aussi faire des mélanges qui se complètent. Certaines plantes repoussent des familles de parasites, d’autres renforcent l’ensemble des cultures contre les maladies grâce à un meilleur apport en nutriments.
Autre approche naturelle, Basile peut introduire volontairement les prédateurs des parasites, c’est de la lutte biologique. Seul problème, c’est plus long à agir que des pesticides et il faut éviter d’introduire des espèces invasives. Typiquement, pour lutter contre les pucerons on peut utiliser des coccinelles.
Soit dit en passant, les insectes et autres animaux peuvent aussi servir à améliorer les rendements avec un rôle pollinisateur. But I’m not done yet ! Certains animaux, en plus d’être adorables, peuvent fournir une source de revenus supplémentaire comme du miel.
Si toutes ces préventions et tranquilles luttes du quotidien échouent, Basile peut toujours utiliser des pesticides naturels, comme le pyrèthre par exemple. En dernier recours, Basile peut demander une dérogation pour utiliser un pesticide chimique.
Il y a de nombreuses autres techniques que Basile peut apprendre à Bérangère, comme de labourer ses champs pour tuer les mauvaises herbes sans pesticides ou au contraire de labourer au minimum pour protéger le sol. Bérangère peut utiliser des produits de confusion sexuelle qui perturbent la reproduction des insectes ou utiliser des pièges à insectes dans sa future exploitation. Finalement Basile explique que certains agriculteurs bio font de l’élevage et de la culture en même temps (cf Polyculture-élevage) pour utiliser directement de l’engrais naturel.
Les techniques pour faire de l’agriculture bio sont très nombreuses et certaines sont en opposition. Chaque agriculteur met en place celles qui sont les plus avantageuses sur sa parcelle.
Bérangère a maintenant une vision plus claire de l’agriculture bio mais il manque encore des informations et c’est pas la télévision qui va nous aider… Les médias ont-ils plus intérêt à nous informer correctement ou à faire du buzz ? Donc comme Bérangère veut comprendre ce qu’il se passe vraiment (et nous aussi), on va se renseigner sur ces scandales ! Pour nous faciliter la tâche dans cette aventure, Basile a séparé ces scandales en plusieurs catégories, selon leur thématique. Il y en a 6 principales.
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