Le Bio et le Bien-Être Animal

Des différences de législation avec la culture ?

               Bérangère : « On a beaucoup parlé des cultures et des plantes, mais Basile, ça se passe comment pour les élevages bio ? ». La législation impose aux élevages bio un cahier des charges strict et cohérent avec la philosophie de l’agriculture biologique :

  • Élevage hors sol interdit ; image
  • Accès à l’extérieur pour tous les animaux
  • Plus particulièrement pour les ruminants, pâturage quand les conditions météo le permettent
  • Espace intérieur paillé et surface minimum par tête. Explications
  • Taille des bâtiments limitée
  • Traitements hormonaux, clonages et transferts d’embryons interdits
  • Alimentation biologique. Explications
  • Races adaptées à leur environnement le plus possible. Explications
  • Mise en avant de la prévention par rapport à la guérison. Explications

1. Avoir un paillage propre en intérieur permet de récupérer les déjections des animaux pour les évacuer et ainsi conserver une bonne hygiène dans l’élevage, contrairement à ce qui peut se faire dans des élevages intensifs.
De même, la surface minimum par tête permet d’améliorer le bien-être animal et d’éviter les bombes bactériologiques (on en parle ici). Images d’un sol propre, d’un sol sale et de l’écart entre des bêtes en bio ou en intensif.

2. Les animaux en élevages intensifs sont nourris avec une alimentation très calorique qui a pour but de les faire grossir le plus vite possible pour les abattre le plus vite possible.
Cette alimentation a un impact négatif sur l’environnement (émissions de CO2, déforestation avec l’exemple du soja qui sert à nourrir les élevages de poulets, porcs et bœufs), sur les animaux (ils sont plus fragiles et sensibles aux maladies) et sur notre alimentation (taux de lipides plus élevés et moins d’acides gras insaturés chez les poulets).
Autre exemple, l’épidémie de la vache folle est apparue parce que les vaches recevaient dans leur alimentation des parties de carcasses de vaches sous forme de poudre.

3. Tous les animaux d’élevages existent sous la forme de plusieurs races. Il y a par exemple 42 races de vaches différentes en France. Ces races ont des besoins en alimentation, en eau, en température différents. Leurs résistances à la météo, aux maladies et aux parasites sont aussi différentes.
Le choix de la race la mieux adaptée à l’environnement extérieur à l’endroit de la ferme permet de minimer son impact sur l’environnement et aussi de proposer un produit de meilleure qualité à la fin.

4. Lorsque l’on parle de prévention ici, c’est une prévention peu invasive, peu dangereuse pour l’animal. Par exemple, on peut considérer que couper la queue des porcs ou couper le bec des poulets permet de limiter les dégâts que les animaux se font entre eux.
De même, gaver les bêtes de médicaments peut aussi être considéré comme de la prévention. Or, les dégâts ici sont présents. Couper le bec des poulets les empêche de fermer correctement leur bec et provoque l’entrée de micro-organismes en plus de provoquer une grande souffrance.
Finalement, donner des antibiotiques en excès augmente la résistance des micro-organismes et laisse des traces de médicaments dans la viande. La « prévention » prônée par le bio passe notamment par des élevages en extérieur pour renforcer la résistance des bêtes.

Si les niveaux de propreté, le nombre de blessures et l’état d’engraissement sont équivalents entre élevages intensifs et biologiques, l’agriculture biologique a pourtant quelques avantages concernant la santé des animaux. En effet, les animaux d’élevage bio sont généralement en meilleure santé et moins touchés par des épidémies à l’échelle de l’élevage.

Le risque de bombe bactériologique est donc plus faible. Une bombe bactériologique est un élevage dans lequel tous les animaux sont infectés par une maladie et vont donc transmettre cette maladie aux consommateurs. Les risques d’épidémies sont assez faibles car les élevages sont surveillés à la suite de plusieurs vagues comme les grippes aviaires ou porcines.

Cependant, la proximité des animaux augmente la vitesse de propagation des maladies et donc le risque de bombe bactériologique. Encore une fois, les élevages intensifs auront tendance à utiliser beaucoup trop de médicaments, ce qui provoque des résistances chez les micro-organismes et à plus long terme, des épidémies : vidéo de Dirty Biology sur la résistance des bactéries.

Et le bien-être ?

Bérangère : « C’est bien beau, mais est ce que les animaux profitent d’un meilleur bien-être dans les élevages bio ? ». Basile aurait envie de répondre oui mais la réponse est plus compliquée. Bien sûr, certaines pratiques sont meilleures en bio. Ainsi, normalement il n’y a pas de mutilation sur les animaux comme les caudectomies (couper la queue) ou débecquages (couper le bec).

Dans la réalité, de nombreux élevage bio continuent ces pratiques. Le meilleur moyen pour certifier de la qualité d’une viande et du bien-être animal est de consommer auprès d’éleveurs certifiés comme Label Rouge, AOC, AOP ou STG (Spécialité Traditionnelle Garantie). La viande sera alors plus chère mais avec un meilleur impact sur les animaux.

D’un autre côté, certaines activités de plein air favorisent du mal-être animal, par exemple la prédation ou le parasitisme. Pour la prédation il y a l’exemple des loups des Pyrénées qui attaquent les élevages de moutons. Pour le parasitisme on peut prendre l’exemple des strongles digestifs qui sont des espèces de vers qui se développent dans les intestins de certains ruminants. Basile aurait pu vous parler des « ascaris » mais vu que les images sont peu ragoutantes, il a préféré éviter. Ces sources de mal-être sont moins courantes et impactantes que les sources de mal-être des élevages intensifs.

Et les poissons dans l’histoire ?

Finalement, parlons des élevages bio en pisciculture/aquaculture. C’est une thématique en pleine évolution et questionnements. Les cahiers de charges « bio » dépendent des pays mais les élevages bio sont relativement extensifs et réduisent leur impact sur l’environnement.

Certains éleveurs font des cultures « multi-trophiques », ce qui signifie qu’il y a plusieurs espèces élevées à plusieurs niveaux de la chaine alimentaire, par exemple algues + mollusques + poissons.

Ici, les mollusques se nourrissent des fèces (le caca) des poissons et de la nourriture en excédent. Les algues ont le rôle de filtrer plus précisément l’eau et de produire de l’oxygène pour les poissons et mollusques. Ainsi les cultures d’algues et de mollusques permettent de limiter les besoins d’entretien de l’élevage tout en fournissant une production supplémentaire.

Certaines questions se posent sur le bien-être animal vis-à-vis notamment des instincts migrateurs et des comportements inter-individuels pour les espèces grégaires, mais les poissons sont dans tous les cas bien mieux traités que dans les élevages conventionnels.

Les densités d’individus étant également plus faibles, les risques d’épidémies sont réduits par rapport aux élevages conventionnels.

Pour résumer, les élevages biologiques prônent le bien-être animal et l’hygiène des animaux. Petit souci, cet idéal est relatif et tous les élevages ne sont pas équivalents. Ainsi, on retrouve en élevage biologique des labels plus stricts que le label AB simple à l’image des labels qu’on peut trouver en agriculture biologique.

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Sources :

Quantifier et chiffrer économique les externalités de l’Agriculture Biologique – Rapport de l’ITAB, Institut Technique de l’Agriculture Biologique

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