L’Impact sur la Santé du Bio

Avant de détailler les avantages et inconvénients du bio, Basile tient à vous rappeler qu’il y a beaucoup de types d’agricultures bio différentes et que les résultats varient fortement en fonction des cultures.

Ainsi, les fruits du maraicher qui fait du bio depuis 20 ans seront généralement plus riches en nutriments et plus gros que les fruits du maraicher qui commence tout juste le bio, parce que la terre n’a pas encore atteint son potentiel maximal et parce que le producteur ne connait pas encore parfaitement son propre sol. De plus, les cultures vont dégager leurs propres avantages dans la comparaison bio/conventionnel.

Des produits de meilleure qualité ?

Si Basile s’est lancé dans le bio, c’est parce qu’il était convaincu que les produits bio étaient de bien meilleure qualité que les produits conventionnels. VRAI ou FAUX ?

VRAI…. Enfin presque ! De nombreuses études ont été faites pour chercher des différences nutritives entre le bio et le conventionnel. Certaines méta-études (regroupements de plusieurs dizaines/centaines d’études) prouvent que le bio a de meilleures qualités alors que d’autres méta-études prouvent le contraire. Qui croire ?

Les deux ! C’est-à-dire que le bio apporte certes une meilleure qualité nutritionnelle mais pas sur tous les points. Il faut déjà définir ce que c’est une « qualité nutritionnelle ». On peut dire qu’un aliment est de bonne qualité en regardant ses taux en matière sèche, minéraux, oligo-éléments, vitamines, micro-constituants (exemple anti-oxydants), glucides, lipides, restes de pesticides. Analysons maintenant les différences bio/conventionnel, quelques exemples :

  • Les patates bio ont des taux de vitamine C légèrement meilleurs ( avantage pour le bio );
  • Certains légumes bio ont des meilleurs taux de magnésium ou de fer ( avantage pour le bio );
  • Le taux de protéines des blés bio est inférieur aux blés conventionnels à cause des variétés de blé choisies et parce que les apports en azote sont plus faibles ( avantage pour le conventionnel ).

Pour détailler un des points de la qualité nutritionnelle, il y a plus d’antioxydants dans les produits bio. « YEAHHH » suivi d’un « C’est quoi un antioxydant ? ». Un antioxydant c’est une molécule qui ralentit l’oxydation des molécules du corps. Or, l’oxydation c’est le vieillissement et les maladies. Donc les anti-oxydants permettent d’être en meilleure forme. Les études estiment qu’il y a entre 18% et 69% d’anti-oxydants en plus dans le bio. D’ailleurs, ce n’est pas en rapport avec le bio mais une mauvaise alimentation participe à l’oxydation des cellules et au vieillissement du corps tout comme l’alcool, le tabac ou le stress.

Ensuite, il y a significativement moins de pesticides et de dépassements de LMR (limite maximale de résidus) dans les produits bio. C’est normal, l’agriculture biologique limite fortement l’utilisation de pesticides. On détecte ainsi des résidus de produits phytosanitaires dans moins de 6% des produits bio contre 40% pour le conventionnel.

De même, les engrais ont un impact sur les résidus dans notre alimentation. Par exemple, le cadmium est un métal lourd cancérigène qui s’accumule dans les reins. Le cadmium se retrouve dans notre alimentation via les engrais principalement. Les agriculteurs bio étant restreints sur l’utilisation des engrais, il y a moins de cadmium dans l’alimentation bio (25% à 50% en moins).

Finalement, une grande critique du bio serait son incapacité à contrer les menaces biologiques. Il y aurait donc plus de contaminations microbiologiques ou de mycotoxines (toxines causées par des microchampignons) en alimentation bio. Il se trouve que ce n’est pas le cas, les agricultures bio et conventionnelles ont des sensibilités équivalentes à ces contaminations. Les différentes études que vous trouverez en sources à la fin de la page montrent que les taux de mycotoxines sont comparables entre les deux agricultures.

Après cette explication assez générale sur la qualité des produits bio pour la santé, Bérangère se pose encore des questions et c’est normal. Donc, pour essayer d’y répondre, Basile a travaillé sur différents scandales sanitaires liés au bio !

étude de cas, Escherichia coli et salmonelle

Comme Basile vient de nous l’expliquer, il n’y a pas de différences majeures de contaminations biologiques entre agriculture conventionnelle et bio. Mais Bérangère n’y croit pas, donc Basile va nous expliquer plus en détail le cas E.coli / salmonelle !

Dans le microbiote des animaux, il y a les « bons » et les « mauvais » microbes. Les mauvais microbes sont des « pathogènes ». Certains E.coli (c’est une famille de microbes) et les salmonelles sont dans la catégorie « mauvais microbes » et responsables d’intoxications alimentaires. Or, la flore intestinale (ou microbiote intestinal) des animaux, tout comme la nôtre, est normalement constituée de « bons microbes ».

Grâce à toute une gamme de mesures d’hygiène, l’éleveur bio entretient ces bons microbes, ce qui ne permet pas aux pathogènes de se développer. En effet, si la flore intestinale est trop fragile, les pathogènes peuvent s’installer.

Dans les élevages intensifs conventionnels, les antibiotiques sont utilisés en masse dès que les animaux présentent le moindre signe de maladie. Or, comme nous le savons tous, « les antibiotiques, utilisés à tort, deviennent moins fort », on l’a assez entendu à la télé. Petite vidéo de Dirty Biologie sur les bactéries et les antibiotiques.

Conclusion logique, les souches de E.coli et salmonelle présentes dans les élevages intensifs développent des résistances fortes aux antibiotiques à cause de leur usage répété. Les élevages conventionnels que l’on croyait insensibles à ces infections risquent d’être démunis en cas de développement d’une résistance totale.

Présence de phtalates dans les huiles d’olives bio ?

C’est une problématique qui s’adresse aux huiles en général, bio ou pas, d’olive ou pas. Les phtalates sont des plastifiants. Ils sont utilisés par exemple dans la confection de PVC, de bâches, revêtement de sol etc.

Les phtalates ont une forte affinité pour les matières grasses, donc quand une huile est en contact avec un plastique « phtalatés », les phtalates ont tendance à migrer vers l’huile, qu’elle soit bio ou pas.

Selon la quantité ingérée, les phtalates deviennent nocifs mais la réglementation européenne régule le taux maximum autorisé pour les produits conventionnels et bio et empêche l’utilisation de certains matériaux contenant des phtalates dans la chaine de production des huiles.

Pourquoi ne pas remplacer ces plastiques par d’autres matériaux comme du verre me direz-vous ? Parce que les plastiques avec des phtalates sont très pratiques quand même. Ils ont des caractéristiques physiques et des rapports qualité/prix avantageux. On en retrouve aussi dans d’autres produits comme les déodorants ou les cosmétiques.

Du nitrite de sodium dans les charcuteries bio ?

Les nitrites et nitrates sont des conservateurs utilisés en charcuterie, ils participent aussi à donner une couleur rosée aux aliments et à améliorer leur odeur. Les nitrites en trop grande quantité peuvent provoquer plusieurs troubles comme de l’hyperactivité, de l’asthme, des insomnies voire des cancers de l’appareil digestif.

Les taux autorisés de nitrites sont de 150 mg/kg en conventionnel et 80 mg/kg en bio. En moyenne, les produits AB contiennent -30% de nitrate et -87% de nitrites par rapport au conventionnel.

Des sulfites dans le vin bio ?

Les sulfites sont des molécules utilisées pour la conservation des aliments. On en retrouve des dérivés en grandes quantités dans la viande et les fruits secs par exemple. Les sulfites sont produits naturellement par le vin mais les vignerons en rajoutent pour améliorer sa durée de vie.

Les sulfites ne sont dangereux pour la santé qu’auprès des personnes sensibles, faible pourcentage de la population. Les vins bio ont des taux de sulfites admissibles 1,5 fois plus faibles que les vins conventionnels.

Des OGM bio ?

Les OGM peuvent contaminer d’autres cultures par le sol, par les eaux ou par l’air. Ces OGM se retrouvent alors dans les champs ou dans la chaine de production des aliments. Les aliments bio ont une restriction de contamination en OGM de 0,9%. A savoir que la culture d’OGM est interdite en France. Certains labels abaissent ce taux de contamination des OGM à 0%.

Pour résumer, le bio peut avoir un impact positif ou négatif sur la bonne qualité de la production, ça dépend beaucoup du type de bio ainsi que du type de culture. Certaines cultures s’adaptent très bien au bio et d’autres pas du tout. En revanche, le bio est généralement meilleur que le conventionnel pour la santé publique et équivalent sur certains points comme les mycotoxines parce que la législation est plus contraignante en bio.

Autres articles qui peuvent vous intéresser

Sources :

Quantifier et chiffrer économique les externalités de l’Agriculture Biologique – Rapport de l’ITAB, Institut Technique de l’Agriculture Biologique

M. Barańskia, D. Średnicka-Tobera, N. Volakakisa et al., « Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses », British Journal of Nutrition, Cambridge University Press,‎ 2014, p. 1-18 (DOI10.1017/S0007114514001366lire en ligne [archive] [PDF]).

Laetitia Van Eeckhout, « Les fruits et légumes bio, plus riches en antioxydants », Le Monde.fr,‎ 22 juillet 2014 (ISSN 1950-6244lire en ligne [archive]).

« Organic foods and human health: a study of controversies » [archive], 2012-6-31 (consulté le 18 août 2016).

« Vers des agricultures à hautes performances » [archive]

Crystal Smith-Spangler, Margaret L. Brandeau, Grace E. Hunter, J. Clay Bavinger, Maren Pearson, Paul J. Eschbach, Vandana Sundaram, Hau Liu, Patricia Schirmer, Christopher Stave, Ingram Olkin et Dena M. Bravata, « Are organic foods safer or healthier than conventional alternatives?: a systematic review. », Annals of Internal Medicine, vol. 157, no 5,‎ 4 septembre 2012, p. 348–366 (PMID 22944875DOI 10.7326/0003-4819-157-5-201209040-00007lire en ligne [archive], consulté le 20 avril 2016).

Rapport d’activité de l’AFSSA 2002-2003, Agence Française de Sécurité Alimentaire des Aliments

Rapport annuel EFSA 2016, Autorité Européenne de Sécurité des Aliments

Conversion à l’Agriculture Biologique, le cas de la production laitière – Livre de Michel Ragot

Utilisation des antibiotiques et profil de résistance des souches de Salmonella spp. et Escherichia coli isolées des exploitations avicoles des villes de N’Djaména et Doba au Tchad – Rapport dans le International Journal of Biological and Chemical Sciences de Alain BODERING, Guelmbaye NDOUTAMIA, Bongo NARE NGANDOLO, Albert NGAKOU

Mycotoxines dans les céréales et produits dérivés : revue de la littérature sur les filières biologiques et conventionnelles en Europe – Rapport dans Cahier Agricultures de Emmanuel K TANGNI, Luc PUSSEMIER, Yves-Jacques SCHNEIDER, Yvan LARONDELLE

Denis Lairon. La qualité des produits de l’agriculture biologique. Colloque Dinabio, May 2008,
Montpellier, France. ffhal-02812757f

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