L’Agriculture Raisonnée, c’est quoi ?

Définitions et caractéristiques

Depuis de nombreuses années, les modes de productions agricoles et d’élevage sont de plus en plus respectueux de l’environnement et des animaux. Parmi les différentes appellations d’agriculture durable, en France, on retrouve l’agriculture raisonnée. Mais qu’est-ce donc exactement ? Comment est-elle définie et par qui est-elle soutenue ? À quel cahier des charges doivent répondre les agriculteurs et agricultrices ? Quelles sont ses limites ? C’est à toutes ces questions que nous allons répondre dans cet article.

L’agriculture raisonnée, qu’est-ce que c’est ?

L’équilibre entre raison et protection de l’environnement

L’appellation agriculture raisonnée a été légiférée en France, par décret, en 2002. Il s’agit alors d’établir un mode de production et d’élevage respectant un certain référentiel. Il s’agit d’instaurer un comportement pragmatique des exploitants agricoles, autour de quatre grands piliers :

  • le respect de l’environnement ;
  • la maîtrise des risques sanitaires ;
  • la santé et la sécurité au travail ;
  • le bien-être des animaux

L’agriculture raisonnée se veut un compromis entre productivité et respect de la nature. Pour des raisons que nous développons par la suite, depuis 2013, l’agriculture raisonnée a laissé la place à la Certification environnementale, avec trois niveaux d’exigences.

Wikipedia Commons

A l’origine de l’agriculture raisonnée : le réseau FARRE

Le Forum de l’agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement (FARRE) est créé en 1993. Il milite activement pour que la législation aille dans le sens de cette agriculture raisonnée. C’est chose faite en 2002. Mais qui fait partie de ce forum ?

Dans ses rangs, on retrouve la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), ainsi que de grands groupes pétrochimiques comme Monsanto, BASF et DuPont.

Le FARRE fait polémique, de par sa composition. Pourtant, en 2003, il reçoit l’agrément officiel d’association œuvrant pour la protection de l’environnement. Cet agrément est vivement contesté par des associations, telles que Manche nature et Allier nature.

En effet, le Forum est surtout perçu comme un étendard écologique de façade derrière lequel agissent les principaux artisans de l’agriculture intensive. Il est à noter que le site internet du FARRE, créé en 2015, n’existe plus, et qu’il n’est pas aisé de recouper les informations le concernant.

Quel cahier des charges définit l’agriculture raisonnée ?

Le référentiel de l’agriculture raisonnée

Légiférée pour décret en 2002, l’agriculture raisonnée répond à un référentiel de 103 exigences nationales. Ces exigences sont organisées en 14 thématiques :

  • Connaissance de l’exploitation et de son environnement ;
  • Traçabilité des pratiques ;
  • Santé et sécurité au travail ;
  • Gestion des sols ;
  • Fertilisation minérale et organique ;
  • Protection des cultures ;
  • Irrigation ;
  • Identification des animaux et des produits ;
  • Santé des animaux ;
  • Alimentation des animaux ;
  • Bien-être des animaux ;
  • Hygiène ;
  • Gestion des déchets de l’exploitation ;
  • Paysages et biodiversité.

Des exigences agricoles raisonnées peu contraignantes

L’agriculture raisonnée a été fondée dans un esprit de compromis. Les exploitants agricoles ont davantage de marge de manœuvre dans leurs choix de production ou d’élevage, par rapport à l’agriculture biologique. En effet, les pesticides ne sont pas interdits en tant que tels. Leur usage est possible “en cas de besoin ». De la même façon, l’utilisation d’OGM, notamment pour nourrir les animaux, n’est pas interdite.

Les exploitants “agriculture raisonnée” reçoivent leur appellation pour cinq ans. Puis, ils sont contrôlés sur 19 critères, dans un délai de deux ans après la certification.

Enfin, aucun label officiel, ni logo ne viennent asseoir la démarche agricole raisonnée.

Les limites de l’agriculture raisonnée

Les partisans de l’agriculture raisonnée avaient une volonté : associer rentabilité, protection de la terre et des animaux et besoins des consommateurs et consommatrices. Ce mode de production se définissait comme l’étape idéale de transition entre agriculture intensive et agriculture biologique.

Mais, représentée par le FARRE, elle est devenue suspecte aux yeux de ses détracteurs.

L’absence d’interdiction d’OGM et de produits chimiques, contrairement à l’agriculture biologique, ainsi que son référentiel reposant sur des textes déjà réglementés, ont créé la polémique.

Sans contrainte autre que les textes réglementaires, rien n’empêchait clairement un exploitant “raisonné” de nourrir ses bêtes en permanence avec des OGM et de les maintenir enfermées. Rien n’empêchait un autre d’épandre des engrais chimiques, s’ils étaient nécessaires selon lui, tout ceci sans enfreindre ni la loi, ni  le référentiel raisonné. 

Du point de vue des consommateurs et consommatrices, l’agriculture raisonnée n’ayant pas de label propre, il était difficile de comprendre, voire connaître, la démarche. L’appellation “raisonnée”, évoquant une dimension durable et vertueuse, pouvait créer une confusion face à l’agriculture biologique. Celle-ci étant régie par un niveau d’exigence très élevé, une sorte de concurrence déloyale pouvait apparaître entre les différentes appellations.

À la question “l’agriculture raisonnée, c’est quoi ?”, on pourrait répondre que c’est un compromis entre productivité et protection de l’environnement. Elle s’est construite sur de bonnes intentions. Mais, ses exigences peu contraignantes, tout comme le réseau FARRE, peu représentatif d’une agriculture moins intensive, ont finalement eu raison d’elle. Depuis 2013, l’agriculture raisonnée est délaissée par le gouvernement au profit de la certification Haute valeur environnementale (HVE).

Auteure : Delphine Bataille
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Sources :

Référentiel de l’Agriculture raisonnée – agriculture-de-demain.fr

Entre contrainte et incitation : analyse juridique de la qualification au titre de l’agriculture raisonnée (repec.org) – Isabelle DOUSSAN

Décret n° 2002-631 du 25 avril 2002 relatif à la qualification des exploitations agricoles au titre de l’agriculture raisonnée – Légifrance (legifrance.gouv.fr)

La commission nationale de la certification environnementale (CNCE) : De l’agriculture raisonnée à la certification environnementale | Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation

Qu’est-ce que l’agriculture raisonnée ? – Geo.fr

Agriculture raisonnée vs. agriculture intensive : des modèles qui ont montré leurs limites ? – Geo.fr

L’Agriculture raisonnée, plus adaptée que la bio ? (consoglobe.com)

Forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement — Wikipédia (wikipedia.org)

Agriculture raisonnée — Wikipédia (wikipedia.org)

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