Le vrai coût des aliments : le coût de dégradation des autres activités économiques

Un dossier sur le vrai coût des aliments ne serait pas complet sans évoquer le coût de la dégradation d’une activité agricole sur une autre activité économique. En effet, l’implantation de bâtiments d’élevage ou de culture n’est pas sans conséquence. Elle touche obligatoirement ce qui l’entoure et peut même provoquer des effets néfastes au-delà. Pour illustrer les séquelles de l’agriculture, nous allons prendre pour exemple :

  • La prolifération d’algues vertes sur les plages bretonnes,
  • La baisse du prix de l’immobilier autour d’une installation agricole.

C’est parti pour ce nouveau sujet relatif au vrai coût des aliments !

Le problème des algues vertes en Bretagne

L’agriculture en Bretagne

La région bretonne est propice à l’agriculture. Son climat et ses terres fertiles font d’elle l’endroit idéal pour implanter des productions agricoles et agroalimentaires. En effet, 60% des terres bretonnes sont exploitées par l’agriculture. On y trouve non seulement de l’élevage mais également des cultures céréalières comme le blé ou le maïs. 

Concernant l’élevage, la Bretagne représente environ 22% des productions animalières en France. Porcs, veaux, poules, œufs de consommation, lait, la région est signe de diversité. Bien qu’on lui attribue le mérite de créer de l’emploi et de nourrir ⅓ des français, l’agriculture bretonne peut cependant s’avérer être lourde de conséquences non seulement sur l’environnement mais aussi sur le plan sanitaire.

L’industrialisation de l’élevage en Bretagne

Depuis les années 1950, l’agriculture française n’a cessé d’évoluer. La Bretagne a suivi ce mouvement. Face à l’intérêt économique qu’elle représente, l’État a même favorisé l’industrialisation de l’agriculture en Bretagne. Les fermes-usines n’ont cessé de se développer, faisant ainsi évoluer avec elles le rejet de nitrates.

En effet, pour accélérer le rendement de leurs productions agricoles, les agriculteurs utilisent systématiquement des engrais. Ces derniers permettent de fertiliser les sols. Toutefois, ils contiennent du nitrate, tout comme les déjections animales.

Face à l’élevage intensif présent dans la région, le taux moyen de nitrate relevé dans les eaux bretonnes est passé de 5mg par litre dans les années 1960 à près de 50mg par litre aujourd’hui. Or, il est important de savoir que le nitrate favorise la prolifération des algues dans les eaux bretonnes.

Les conséquences de la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes

Depuis plusieurs étés maintenant, la Bretagne est victime de ce que l’on appelle des marées vertes. À partir du printemps, les algues viennent s’échouer sur les plages. Mais face à leur prolifération, nous pouvons clairement parler d’invasion d’algues vertes. En 2020, ce sont plusieurs dizaines de tonnes d’algues qui sont venues recouvrir les plages. Six d’entre elles ont dû être fermées au public, ce qui engendre une première conséquence sur le tourisme breton.

En dehors du tourisme estival, c’est bien entendu l’environnement qui subit ces marées vertes. En effet, les algues dégagent du sulfure d’hydrogène, ce qui provoque également des risques sanitaires non négligeables :

  • Le 5 juillet 1999, un ramasseur d’algues a été retrouvé inconscient sur la plage de Saint-Michel-en-Grève. Il est resté plusieurs jours dans le coma.
  • Le 22 juillet 2009, Thierry Morfoisse a été retrouvé mort au pied de son camion de ramassage sur la plage de Saint-Brieuc alors qu’il effectuait une troisième tournée. Ce n’est que 9 ans après que le tribunal a admis qu’il s’agissait d’un accident de travail. Le ramasseur ne portait en effet aucun matériel de protection. 
  • Une semaine après, c’est un cheval qui a trouvé la mort au milieu des algues. Son cavalier a lui aussi passé plusieurs jours dans le coma. 
  • En 2011, à Gouessant, ce ne sont pas moins de 36 sangliers qui ont été retrouvés morts.

La prolifération d’algues vertes sur les plages bretonnes est très lourde de conséquences. Beaucoup se sont tournés vers l’État pour trouver des solutions et pour la mise en place d’actions concrètes pour cesser ce désastre. 177 millions d’euros ont été investis entre 2010 et 2015 contre la lutte des marées vertes. Entre 2017 et 2021, pour tenter de continuer une avancée, 55 millions d’euros ont été de nouveau investis dans le but de réduire le taux de nitrate dans les eaux bretonnes. Mais cette volonté doit avant tout provenir des usages et des habitudes des agriculteurs.

Quel coût pour le nettoyage des plages bretonnes ?

En plus de la lutte contre les algues vertes, il ne faut pas oublier l’investissement dans le nettoyage des plages. Même si celui-ci s’avère être dangereux, il est tout de fois nécessaire. Thierry Burlot, vice-président du conseil régional de Bretagne, a communiqué quelques chiffres concernant le ramassage des algues. 

Tout d’abord, en 2019, 9,500 tonnes d’algues ont été ramassées sur les plages d’Hillion en Côtes-d’Armor contre 3,400 tonnes à l’été 2018. En tout, près de 35,000 tonnes d’algues ont été collectées dans la région bretonne en 2019. Thierry Burlot avoue que plus d’1,5 million d’euros ont dû être investis pour ce nettoyage. Sans oublier le coût des conséquences touristiques et économiques.

Comme tu peux le constater, l’agriculture bretonne engendre de grosses séquelles dans sa région. Les bretons attendent depuis plusieurs années maintenant une véritable intervention de l’État qui reste encore bien trop silencieux face à ces problèmes importants.

La baisse du prix de l’immobilier autour des terres agricoles

Passons désormais aux conséquences de l’agriculture sur l’activité économique immobilière. Pour mieux te les expliquer, nous nous sommes inspirés d’une étude menée en région de Seine-et-Marne. Son objectif est de montrer l’impact d’une installation agricole sur les prix des transactions immobilières. L’étude complète est disponible via le lien. Dans cet article, nous allons prendre pour exemple la ville de Sourdun.

En 2014, un méthaniseur a été construit à 350 mètres des habitations de la ville. Cette usine a pour fonction de produire du biogaz et des engrais organiques naturels à base de de matières organiques. Face à ce nouvel arrivant, les propriétaires de biens immobiliers de la ville se sont inquiétés sur la valeur de leur logement. En effet, la qualité et le cadre de vie sont des facteurs majeurs dans l’estimation du prix de l’immobilier. 

En 2012-2013, alors que le projet de l’installation d’un méthaniseur est désormais connu par la population de Sourdun, le prix de vente moyen s’est vu chuter de 4%, passant de 1528€ le mètre carré à 1473€. L’année 2014 a été synonyme d’une légère hausse (+2%) mais depuis, les prix ont significativement stagné.

La ville de Sourdun n’est qu’un exemple parmi d’autres. Beaucoup de villes ont été touchées par la méthanisation de l’agriculture. Cette dernière a donc forcément eu des conséquences sur les prix de l’immobilier.

Tu en sais désormais un peu plus sur les conséquences économiques provoquées par l’agriculture. N’hésite pas à consulter nos autres articles concernant le vrai coût des aliments pour en savoir plus sur ta consommation alimentaire.

Sources :

PaysanBreton – L’agriculture, une vocation naturelle pour la Bretagne

Greenpeace – Bretagne : les algues vertes proilfèrent, l’Etat laisse faire

Futura Planète – Algues vertes : les pratiques agricoles à nouveau pointées du doigt

Reporterre – Algues vertes en Bretagne : 4 points pour comprendre le problème

Étude de l’impact d’une intallation de méthanisation agricole sur les prix des transactions immobilières

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